L'Histoire du Mois, La Parisienne: Inès de la Fressange
- Lisa Andrieu
- 26 juin 2015
- 4 min de lecture

Alors qu'elle vient d'ouvrir son nouveau repère 100 % made in Paris, rive gauche (24, rue de Grenelle), Inès de la Fressange nous offre, dans un seul magasin, un condensé de ses conseils pour vivre comme il se doit la vie parisienne. Un concept store donnant vie au livre La Parisienne (Flammarion, 2010, Paris), succès commercial nous plongeant dans les délices de Paname. Surfant sur ce mythe, Inès de la Fressange se lance donc dans le commerce après avoir été mannequin, égérie, ambassadrice républicaine, créatrice, muse ; statuts qui font de cette parisienne, une icône de la mode et une icône française.


Inès de Seignard de la Fressange est bien née, puisque l'aristocratie coule dans ses veines. Née dans le Var au sein d'une famille qui « avait une vie comme dans les romans de Sagan », la jeune fille suit des études d'histoire de l'art et d'archéologie et décide (incitée par son copain) de se rendre dans une agence de mannequin pour gagner un peu d'argent.

Petite fille, dans la maison de famille

A la terrasse des Vapeurs, Trouville, 20 ans

Photographie de Gilles Bensimon
Alors qu'elle dîne avec une certaine Pauline (présidente de la plus prestigieuse agence de l'époque), son caractère tape dans l’œil de cette dernière qui organise, pour elle, sa première séance photo pour le magazine Elle avec Olivier Toscani. On est en 1975. Habillée d'un costume, nœud papillon défait, coiffure désordonnée et cigarette à la bouche, le photographe dit « Tout de suite, j'ai remarqué que c'était une star. Elle a prouvé que c'était possible d'avoir une beauté personnalisée et être incroyablement intéressante sans se conformer à la beauté des autres ». Très timide à ses débuts, on lui reproche son côté masculin. Néanmoins, c'est ce « défaut » qui va devenir sa plus grande qualité et faire son succès. Ce sont les jeunes marques de l'époque, comme Kenzo ou Mugler, qui la repère et la font défiler. Elle s'impose vite sur les podiums grâce à une démarche élancée, décomplexée et surtout, élégante. Son tempérament se fait remarquer, puisque c'est sans soucis, qu'elle discute avec les journalistes et leur expose ses opinions sur la mode et son univers. Plus comédienne que mannequin, elle rie, elle saute, elle court sur les podiums. On parle du « style Inès ».

Au Palace

Au Palace

Ce caractère fort et affirmé saute rapidement aux yeux de Karl Lagerfeld qui la nomme égérie de la maison Chanel en 1983. C'est la renaissance de Chanel. La Coco des années 1980 est interprétée par Inès de la Fressange qui en fait une femme internationale, cosmopolite, branchée, libérée. Elle est la première mannequin à signer un contrat d'exclusivité avec une maison de haute couture. On lui dit dans les années 1980 : « On dit que vous êtes le mannequin le mieux payé du monde ; finalement, le seul mannequin qui est une vraie star » ou encore qu' « elle est le visage le plus connu de France et même d'Europe ».



Avec Victoire de Castellane





Avec Jerry Hall, défilé Chanel

Sa popularité est indéniable. Très médiatisée, elle est plébiscitée en 1989 pour incarner l'image de la République et devenir ainsi la nouvelle Marianne (succédant à Brigitte Bardot et Catherine Deneuve). Très flattée, elle accepte. Seul Karl désapprouve, affirmant qu'il « n'habille pas un monument ». Ce choix met un terme à sa collaboration avec le Kaiser et leur relation en est affaiblie. Il souhaite lui faire porter un modèle lors du prochain défilé : une robe en fleur de lys (symbole de la monarchie). Elle refuse et décide de mettre un terme à sa collaboration avec la maison du 31, rue Cambon.
En 1990, elle épouse le marchand d'art et homme d'affaire italien Luigi d'Urso avec qui elle aura deux filles : Nine et Violette. Un an après, elle pose pour la première en couverture de Vogue Paris et décide de monter sa marque éponyme en ouvrant sa première boutique au 12, Avenue Montaigne.

Inès de la Fressange enceinte de Violette avec sa fille Nine et son mari Luigi d'Urso, décédé en 2006.

Nine et Violette

Couverture de Vogue Paris, Octobre 1991
Soutenue par Henry Racamier (président de LVMH), elle crée une boutique où l'on trouve aussi bien des vêtements, des bagages, des serviettes, des lunettes. Elle ne dessine que ce qu'elle a envie de porter et qu'elle ne trouve pas ailleurs. Elle veut travailler pour les femmes. Néanmoins, en 1999, on la licencie, ce qui la tout d'abord fait éclater de rire devant l’absurdité de la nouvelle.
Aujourd'hui, Inès de la Fressange est ambassadrice de la marque Roger Vivier, égérie L'Oréal, défile à nouveau pour Chanel, dessine des collections pour des marques comme Uniqlo, écrit le guide parfait de La Parisienne, pose pour Elle, Vogue, reçoit la Grande Médaille de Vermeil de la Ville de Paris et ouvre donc sa nouvelle boutique en 2015. Un lieu à son image, éclectique, élégant, simple et chic.

Inès de la Fressange, ambassadrice Roger Vivier

Inès de la Fressange, "La Petite Veste Noire", Chanel, Karl Lagerfeld & Carine Roitfeld, Steidl, 2012.

Inès de la Fressange par Jean Paul Goude, Vogue Paris, Décembre-Janvier 2015

Inès de la Fressange pour L'Oréal
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